Le pouvoir a-t-il un sens ? (13)

Publié le par Jean Dornac

La violence des pouvoirs.

Nous avons l’habitude, au travers des discours des gens de pouvoir, particulièrement avec les discours démagogiques d’un Nicolas Sarkozy, d’imaginer que la violence est le fait des milieux populaires, plus particulièrement de la frange pauvre de cette population. La Justice, en condamnant de plus en plus de miséreux, oubliant les « cols blancs » et les dames à frou-frou, laisse penser qu’il en est ainsi. Mais c’est oublier qu’une large part de cette « Justice » est « aux ordres » et qu’elle applique scrupuleusement les lois décidées et votées par les pouvoirs, paraît-il au nom du peuple. Qui donc, ici, parmi les lecteurs, peut affirmer que le pouvoir ne lui ait jamais demandé, par référendum ou un autre moyen, s’il était en accord avec de telles lois ? Les pouvoirs actuels se basent sur les sondages, mais nous savons que ces derniers n’ont pas la moindre valeur sérieuse à partir du moment où les réponses varieront en fonction de la manière de poser la question. De même, un Nicolas Sarkozy, se targue d’avoir le soutien de tout un peuple, pour la seule raison qu’une très courte majorité de votants l’a choisi pour le poste où il se trouve. Et, à chaque loi de destruction sociale, à chaque loi sécuritaire, il se vante en disant que les Français l’ont choisi pour ces basses œuvres !


L’essentiel de la violence est la marque des pouvoirs. En effet, si violence il y a, elle vient des pouvoirs, de pratiquement tous les pouvoirs. Certes, cette violence, hormis lors les guerres et les interventions de forces de répressions policières ou autres, est plus psychologique, s’adresse plus à notre vie quotidienne, qu’à nos corps, qu’à notre intégrité physique. Elle n’en demeure pas moins réelle.


Type de violences spécifiquement liées aux pouvoirs


Bien entendu, je ne pourrais faire la liste de toutes les violences commises par le pouvoir, ce domaine est trop vaste, souvent trop diffus... La première des violences venant des pouvoirs et rien que des pouvoirs, celle-ci bien trop visible, attaquant aussi bien nos vies que notre santé tant physique que psychique, est et reste la guerre. Ce ne sont pas les peuples qui veulent les guerres. Dire l’inverse est un non-sens et d’une mauvaise foi absolue. Cette affirmation semble être une évidence au point que beaucoup d’entre vous devez vous demander pourquoi je la note. J’y tiens parce que si vous écoutez les discours des pouvoirs, à l’exemple de ce qu’affirme un Bush, pour ne citer que l’un des pouvoirs malfaisants actuels, c’est toujours au nom des peuples qu’ils font leurs guerres ! Ces guerres, au total, ne se font jamais dans l’intérêt des peuples !


Leurs guerres servent leur orgueil personnel hypertrophié et surtout, ils servent les intérêts de nombreuses entreprises, autrement dit, encore les intérêts de la caste comme je le montrais dans certains articles précédents. Il y a de quoi être effaré lorsqu’on découvre, nous les citoyens, des décennies après, combien d’entreprises de renom, ayant toujours largement pignon sur rue, des entreprises américaines, ont soutenu le régime abominable d’Hitler ! Coca, Ford, et pas mal d’entreprises chimiques, et tant d’autres dont les noms sont moins célèbres... Aussi, ne sommes-nous plus étonnés lorsque nous apprenons que dans l’ignoble guerre contre le peuple irakien ce sont les entreprises américaines, donc l’économie américaine, les fortunes des possédants américains, dont la famille de GW Bush elle-même, qui bénéficient des retombées financières du massacre.


Mais ce sont les peuples, ceux qu’on endort à coup de nationalisme, d’hymnes nationaux et de drapeaux claquant au vent, voire de messes proclamant que « Dieu est avec nous », qui paient à tous les niveaux :
- Ce sont les fils du peuple qui se font écharper sur les champs de bataille, pas les fils des profiteurs. Oh combien fut frappante l’interrogation de Michael Moore (dans Fahrenheit 9/11) demandant aux élus américains pourquoi ils n’envoyaient pas leurs propres fils en Irak ; et combien furent révélatrices leurs réponses évasives et le plus souvent leur fuite...
- C’est le peuple qui paye les dépenses par les impôts levés. Et dans le cas de la guerre d’Irak, c’est le monde entier qui paye au travers de l’odieux déficit américain. Ce pays vit depuis si longtemps à crédit sur le dos de l’humanité entière…


Les violences des pouvoirs ne s’arrêtent pas là. Les politiques d’institution du chômage sont des violences dont de nombreuses victimes meurent, directement comme indirectement, par des maladies liées aux dépressions nerveuses et autres dérèglements psychiques induits par le chômage. La destruction du droit du travail, partout dans le monde riche, n’est-elle pas une violence qui atteint, elle aussi, la santé des victimes ? Si, bien sûr ! Ces politiques rendent tout le monde fou, du salarié aux chefs et petits chefs qui ont de plus en plus souvent comme instruction d’harceler ceux dont il faut se débarrasser quitte à ce que ces derniers se suicident. La prison, pour un oui, pour un non, dès que l’on est pauvre, n’est-elle pas une violence extrême ? Combien de prisonniers se seront encore suicidés dans leur mouroir à barreaux cette année et rien qu’en France ? Imposer, là encore, pour un oui, pour un nom, la présence d’une police omnipotente, partout, même aux endroits les plus inattendus et les plus absurdes, n’est-ce pas une violence ? Si ! Et des gens, des innocents, en meurent ou sont détruits psychiquement, ce qui n’est guère différent.


La violence des peuples.


Je crois que dans la majorité des cas, la violence n’est pas naturelle aux peuples. Lorsqu’ils deviennent violents, il me semble que c’est pour deux raisons majeures :
-  En réponse à la violence des pouvoirs.
-  Suite à un endoctrinement massif.


Beaucoup de monde, en occident, est persuadé que les Palestiniens sont des gens violents. Mais ce peuple a subi tant d’injustices, tant de pillages et de meurtres de la part de l’Etat d’Israël, qu’à l’évidence sa violence répond à la violence de l’Etat hébreu. Cela se situe au niveau de la légitime défense. Je le comprends même si pour ma part je reste attaché à la non-violence. En outre, contrairement à ce que laissent entendre les reportages incomplets ou destinés à nous manipuler, ce n’est pas tout le peuple qui est passé à la violence alors que c’est tout le peuple qui souffre et meurt de la violence du pouvoir israélien.


Le cas des Allemands, des Japonais ou des Italiens, lors de la deuxième guerre mondiale, est un peu différent, il entre dans le cas de l’endoctrinement massif. Ces trois pays ont un point commun, il me semble. Sous l’effet de l’orgueil national (la France ne fut pas épargnée par ce phénomène sous Napoléon 1er), les pouvoirs réussirent à enrôler leurs peuples dans les crimes contre l’humanité que sont toutes les guerres offensives. Nous ne devons jamais accepter une exception à cette règle : toute guerre offensive est un crime contre l’humanité (la défense seule étant légitime). Même le « devoir d’ingérence », partant d’une affirmation humanitaire compréhensible, s’est déjà transformé en prétexte pour envahir illégitimement des pays. Les pouvoirs entraînent leurs peuples dans leurs guerres par la propagande, les manipulations diverses, les menaces aussi, les fadaises nationalistes ou patriotiques. Par ces mensonges, les pouvoirs sont parvenus à embrigader des peuples entiers. Ce qui, au passage, prouve combien les peuples ne sont pas encore adultes.


Le jour où, concernant les guerres, les citoyens soumis aux pouvoirs qui décrètent des guerres offensives auront compris qu’ils peuvent refuser de se livrer à la barbarie sans grands risques, l’humanité aura fait un grand pas vers l’âge adulte. Un pouvoir, même pour l’exemple, ne peut pas faire massacrer tous les hommes censés participer à leurs guerres. De même, pour les pays, comme la France, qui interviennent par des armées de métier, ce serait un grand progrès si nous refusions, au niveau du peuple, par des grèves multiples et même par des sabotages matériels, que ces armées participent à de nouvelles barbaries. Certes, il faut du courage, mais ce n’est en rien utopique. Ce qui est tragique, au regard de notre responsabilité en tant que citoyens, c’est que nous ne réalisions toujours pas que nous sommes infiniment plus nombreux que les décideurs, que nous, qui sommes une masse immense de plusieurs millions d’individus, nous nous laissons corrompre par les discours et les manipulations d’une petite clique de quelques milliers ou dizaines de milliers de dirigeants et d’individus obéissants plus ou moins aveuglément...


Il faut réaliser, c’est là encore essentiel, que les peuples ne sont pas, par nature, violents. Pour l’essentiel, ils n’aspirent qu’à la paix, au bonheur de vivre. S’ils deviennent violents, en temps de guerre, c’est sous l’effet d’idéologies monstrueuses qu’on leur impose par toutes sortes de manipulations. Et si ces peuples, ou une partie d’entre eux, se révoltent contre leurs propres pouvoirs, c’est encore en réaction à la violence de ces derniers ; soit en réaction à l’exploitation, soit au manque de liberté. A cet égard, les pouvoirs actuels, dans nos pays pourtant excessivement riches, peuvent s’attendre à une explosion violente dans des délais sans doute proches.


Les abus, les mensonges, les spoliations des droits comme des ressources notamment financières, prennent tellement d’ampleur qu’il n’est pas possible qu’une révolte n’advienne pas. Et, d’ailleurs, ces pouvoirs, notamment en France, en ont totalement conscience, ils savent que leurs politiques de destructions sociales ne peuvent qu’aboutir à l’insurrection. Ce n’est pas pour rien qu’ils instaurent les lois sécuritaires partout, des lois toujours plus lourdes ; ce n’est pas pour rien qu’ils installent partout des moyens de surveillance toujours plus resserrés. Ils subissent, en eux-mêmes, le même syndrome qui rendit Staline quasiment fou dans les dernières années de sa vie. Sachant les crimes qu’il commettait, il ne pouvait pas croire qu’en réaction sa propre vie n’était pas menacée. La délation installée à tous les niveaux de la société soviétique n’avait pas d’autre but que la surveillance au plus près de ce peuple que Staline martyrisait.


C’est la même logique que tient un Nicolas Sarkozy lorsqu’il veut, par ses discours, par ses lois indignes, instituer la délation et la présenter comme une qualité et pire, comme un devoir de bon citoyen. C’est là l’une des indications les plus certaines qu’un tel homme politique compte ne respecter personne ni rien hormis son pouvoir personnel. Ce qui est inquiétant par rapport à Sarkozy, c’est que trop de Français n’ont pas compris ou alors acceptent ce qu’induisent les actes et discours de ce politicien. Rêvons-nous tellement, individuellement ou collectivement de subir les violences d’une dictature qui ne dit pas encore son nom ou sommes-nous passés dans le camp des peuples suffisamment endoctrinés pour prêter main forte à n’importe quel crime ?


Reste la violence individuelle. Elle existe, la nier serait stupide. Elle a tant de causes... La conscience insuffisamment développée ; l’alcool ou les autres drogues ; l’orgueil souvent, qui mène inévitablement au mépris et à la haine des autres. Le machisme de trop d’hommes également. Ceux-là se mettent au ban des sociétés civilisées. Ils n’ont encore rien compris, eux qui s’imaginent puissants à cause de la force de leurs biceps... Combien de femmes ont payé le prix de la stupidité d’une telle conception du monde masculin ? Mais que fait le pouvoir face à ce fléau ? Rien, ou plutôt si : il va dans le sens des brutes en autorisant les publicités qui incitent et favorisent cette forme de dégénérescence des mâles, pas suffisamment dégrossis... Les pouvoirs, pour dominer, ont intérêt à laisser se développer certaines formes de violence, ne serait-ce que pour cacher la leur. Certes, les maîtres du pouvoir vont se répandre en magnifiques discours sur l’égalité des sexes, tout en méprisant les femmes à qui il n’accorde que des strapontins de pouvoir, et des poussières de droits...


Là encore, là toujours, il dépend essentiellement de nous, que la mentalité générale change. N’attendons rien des pouvoirs, ils n’ont rien à apporter hormis leur violence en tout domaine. C’est à nous de construire un monde sans violence, un monde où les pouvoirs deviendraient inutiles tant ils seraient rétrogrades et ridicules... Nous avons les moyens, si nous le voulons, d’une telle ambition...


à suivre
 
 

Publié dans Le pouvoir et nous...

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