Chemins de non-violence et chemins de noblesse (Dharma)
Brefs commentaires de paroles du Dalaï-Lama
Remarque préliminaire
Mes modestes commentaires sont ceux d’un homme né en occident, éduqué dans la religion catholique, qui a reçu les bases de sa culture du milieu des années 1950 au milieu des années 1960. Mais mes différentes expériences de vie m’ont amené à me poser beaucoup de questions sur le sens de la vie, sur le sens de ma propre religion. Je suis passé par différentes phases à cet égard : La foi de l’enfant ; la foi du charbonnier ; puis le doute avant une espèce de « néant » religieux. Enfin, j’ai connu un retour non pas du religieux mais du spirituel. J’en suis arrivé à ne pas donner de nom à Dieu, à ce que nous croyons connaître de Lui. Pour autant, même si je ne peux comprendre qui Il est, ce qu’Il est, je crois qu’Il EST. Malgré toutes les recherches personnelles dans ce domaine, je n’ai jamais pu me rattacher au « hasard » comme responsable de mon existence.
Je dois l’avouer, peut-être à cause de ma culture occidentale, je peine à croire en la réalité de la réincarnation ou de celle du karma. Cependant, je ne me permettrais pas de les nier, conscient que ce serait, là, faire preuve de prétention et de stupidité. Simplement, je dirais : « Je ne sais pas »…
Depuis quelque temps, je découvre, très lentement, le bouddhisme. J’y ai trouvé, entre autres, une notion essentielle qui me touche au cœur : La compassion. Celle-ci se trouve également au cœur des Evangiles si l’on a appris à les lire sans a priori.
Et, la compassion est au cœur même de la philosophie de la non-violence telle que l’a enseignée et vécue Gandhi. Je suis donc très heureux que Michel m’ait proposé ce texte du Dalaï-Lama à propos du bouddhisme. Sur le site que m’a conseillé Michel, j’ai également trouvé une position du Dalaï-Lama à propos de Gandhi qui me touche et me donne beaucoup de joie.
Pourquoi le Bouddhisme ?
Par Sa Sainteté le Dalaï Lama
Introduction et enjeux
Extrait de l'enseignement donné par Sa Sainteté le Dalaï-lama sur le Chemin du Bodhisattva.
« Regardons autour de nous ce monde que l'on appelle "civilisé" et qui depuis plus de 2000 ans a cherché à obtenir le bonheur et à éviter la souffrance ; il l'a fait par de faux moyens ; par la tromperie, la corruption, la haine, l'abus du pouvoir et l'exploitation des êtres. Il n'a cherché qu'un bonheur individuel et matériel, en opposant les individus aux uns aux autres, les races les unes aux autres, les systèmes sociaux les uns aux autres ; il a abouti à une période de peur, de souffrance, de meurtre, de famine. Si en Inde, en Afrique et dans d'autres pays la misère et la famine peuvent régner, ce n'est pas que les richesses naturelles manquent, ce n'est pas que les moyens d'amener un bien-être durable fassent défaut. Mais chacun a cherché son propre profit sans crainte d'opprimer les autres pour ce but égoïste, et ce triste et pitoyable monde en est résulté. La racine de cette civilisation est pourrie, le monde souffre et, s'il continue dans cette voie, il souffrira de plus en plus. »
Force est de reconnaître la justesse de cet avis qui ressemble à une condamnation des erreurs et des errements du monde, ceux des pouvoirs comme ceux des hommes depuis plus de deux mille ans. Cette analyse devrait réveiller ceux qui voudront bien l’entendre car elle s’applique encore plus à notre époque et notre société de consommation qui avance en aveugle et en sourde, détruisant au passage les consciences de tous ceux qui se laissent prendre aux pièges des « sirènes » modernes…
A propos du Dharma…
« Certaines personnes possédant un bagage intellectuel et culturel important et pensant certainement avoir l'esprit large, croient que le Dharma est sans utilité, ou qu'il est bon pour ceux qui vivent dans des régions frustes et isolées.
Mais qu'est-ce que le Dharma ? Ce n'est évidemment pas porter un costume spécial, construire des monastères et s'adonner à des rites compliqués... Ceci peut accompagner la pratique du Dharma, mais n'est, en aucune façon, le Dharma.
La vraie pratique du Dharma est intérieure ; c'est un esprit paisible, ouvert et généreux, un esprit que l'on a su dompter, qui est complètement contrôlé. Si même l'on pouvait réciter par cœur tout le Tripitaka, mais qu'on soit égoïste et qu'on fasse du mal aux autres, on ne pratiquerait pas le Dharma. La pratique du Dharma est celle qui permet d'être vrai, fidèle, honnête, humble..., d'aider et de respecter les autres et de se sacrifier pour eux. Chercher à accumuler des possessions ou à obtenir un meilleur niveau social n'amènera ni confiance ni paix. Devant les puissants de ce monde, certaines gens s'inclinent bien bas, les flattent de leur mieux, mais derrière eux ils les critiquent et les méprisent. Ceux qui excitent l'envie n'ont souvent pas de tranquillité d'esprit et sont inquiets et tourmentés à l'idée de perdre ce qu'ils ont pu acquérir au prix de difficultés. Lorsque nous mourrons nous devrons tout laisser derrière nous, même les plus solides placements bancaires qui nous auront donné tant de soucis. Nous devrons aussi laisser nos parents, nos amis. Si notre vie n'a pas été honnête nous pourrons en ressentir un grand repentir, mais nous ne pourrons en tout cas pas profiter du "fruit" de notre malhonnêteté. Nous devrons laisser notre corps. Mon corps aussi, celui de Tenzin Gyatso, je devrai le laisser, et ma robe de moine que je n'ai jamais quittée, même pour une seule nuit ; donc nous laisserons tout, et si nos seules possessions ont été matérielles et égoïstes nos derniers moments seront troublés par l'inquiétude et la tristesse. »
Malgré ma culture très différente, je ressens ces paroles comme des vérités indiscutables. C’est ce que j’admire et aime car ces dispositions d’esprit, de foi, de spiritualité sont partagées par la plupart des religions et même par nombre d’athées. Ce qui me laisse penser que ce sont des « lois » universelles, comme le sont, par exemple, les mathématiques, la physique, etc.
« Discipliner son esprit, renoncer au superflu, vivre en harmonie avec les autres et avec soi-même nous assurera le bonheur, même si notre vie quotidienne est médiocre, même si nous tombons dans la misère, car nous aurons été bons et bienveillants et les autres nous aideront : nous ne devons pas oublier que dans l'être humain le plus perverti et le plus cruel, tant qu'il est un être humain, existe une petite graine d'amour et de compassion qui fera de lui, un jour, un Bouddha. »
Voilà encore une notion essentielle, notamment pour toute personne qui veut prendre le chemin de la non-violence. Nous ne devons pas oublier l’importance, la dignité intrinsèque de chaque être humain, fut-il un grand criminel.
« Maintenant nous devons penser aussi à notre vie prochaine. La loi du karma n'est pas aisée à comprendre, non plus que la réincarnation. Mais si nous analysons très profondément les données de l'existence, avec un esprit honnête et sans parti pris, nous les comprendrons. Et nous nous en référerons aussi aux enseignements du Bouddha qui a affirmé la réincarnation. Tout ce qui arrive individuellement ou collectivement, arrive par la loi du karma. Le bon chemin que nous aurons suivi donnera ses fruits pour la vie suivante, l'effort que nous aurons fourni permettra d'obtenir un esprit noble et pur. (...) Dharma équivaut à noblesse, et c'est pourquoi, si quelqu'un rejette le Dharma, c'est qu'il n'en comprend pas le sens. Le Dharma est la seule possibilité d'obtenir le bonheur. »
(Extrait de "L'enseignement du Dalai-Lama" publié chez Albin Michel, collection spiritualités vivantes.)
Le Dalaï-Lama et Gandhi
Le 19/ 01/ 2008
« Ahmedabad, Inde - Le Dalai Lama, leader spirituel tibétain, a aujourd’hui exhorté la jeunesse à diffuser le message de non-violence du Mahatma Gandhi, à travers le monde.
Lors d’une conférence portant sur la "Paix dans le Monde" à Gujarat Vidyapeeth, une institution académique fondée par le Mahatma Gandhi, il a déclaré que le message de non-violence de Gandhi, était devenu plus pertinent que jamais dans le monde moderne. Même le système éducatif actuel a besoin d’être remis sur le chemin de Gandhi, a t-il ajouté.
(…)
Il a noté : "Même si je n’ai jamais rencontré le Mahatma Gandhi, je suis grandement impressionné par sa pensée. Je suis son élève." La non-violence est une réalité politique. Elle est aussi un message de tolérance religieuse.
Il a également souligné que l’Hindouisme et le Bouddhisme étaient comme des jumeaux, et que tous deux avaient énormément de points communs. Le Bouddhisme a emprunté maintes pratiques anciennes des Hindous tels le Yoga et le Samadhi, a t-il expliqué. »
Bien entendu, ceux qui me connaissent savent et comprennent que cette déclaration du Dalaï-Lama ne peut que me réjouir profondément. La violence augmente en effet partout, tant entre les Etats, comme cette nouvelle guerre entre la Russie et la Géorgie, mais aussi entre individus que la compétition et son cortège de jalousies, d’orgueil et de cupidité rendent fous. Oui, il est urgent que le monde découvre ou redécouvre le message de non-violence et l’exemple de vie du mahatma Gandhi.
Source des deux textes : larbredesrefuges.com