Violence : Où est sa victoire ? (2)
2 - Les effets de la violence au plan familial
« En France, tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon ou de son mari. » (source : http://www.amnesty-international-poitiers.fr/spip.php?article442)
Violence contre les femmes
L’exemple des femmes battues est sans doute l’un des plus caractéristiques pour montrer qu’en rien la violence n’est légitime. Ici, ce n’est rien d’autre que la force brutale et stupide d’hommes qui s’imaginent supérieurs aux femmes, sous prétexte qu’ils ont des muscles plus puissants. C’est du machisme, mais pas seulement. C’est à la fois l’expression d’un orgueil qui n’a pas la moindre raison d’être et d’une stupidité sans borne. On pourrait penser que c’est le fait d’hommes sans culture, de pauvres et miséreux à qui on colle très facilement la notion de violence congénitale, mais non, la réalité est tout autre. Nombre de « cols blancs » sont violents envers leurs compagnes ou femmes, nombre d’entre eux se transforment bien vite en bourreaux ou en assassins… Je suppose qu’eux aussi estiment que leur violence est légitime… Tout cela ressort de cette maudite culture de la violence que nous traînons de génération en génération. Comment ne pas comprendre, alors, qu’il est plus qu’urgent de passer à la culture de la non-violence ? C’est pourtant d’une évidence totale…
Violence contre les enfants
La violence de certains hommes, mais cette fois également de certaines femmes, ne s’arrête pas au niveau du couple. La culture de la violence, la foi en son efficacité sont tellement ancrées dans les esprits humains, qu’hommes et femmes, dans bien trop de cas, exercent leur violence contre les enfants. Et certains en meurent…
Bien sûr, il est des enfants plus que difficiles à élever, à aider grandir ; bien sûr, au bout d’une journée de travail à l’extérieur pour les hommes, à l’intérieur pour certaines femmes, à l’intérieur et à l’extérieur pour beaucoup de femmes désormais, les nerfs sont à vifs et les provocations de certains enfants ou adolescents peuvent se révéler particulièrement rudes à supporter. Mais tout cela est-il une excuse pour se laisser aller, pour vider son agressivité sur des enfants ?
La violence qu’on exerce sur l’enfant aura des conséquences très graves pour la suite de sa vie. Le manque d’amour, ressenti vivement par l’enfant, notamment lorsqu’il est régulièrement battu, affectera son développement affectif ultérieur. C’est tout son équilibre qui risque d’être compromis par les violences subies. Et puis, on sait qu’un enfant battu sera plus tard un adulte qui risque fort de reproduire cette même violence tout autour de lui. On comprend bien que c’est dramatique, que cela conduit à une chaîne de violence de génération en génération. C’est une sorte de programmation continuelle…
En ce sens, d’ailleurs, on peut rendre un enfant violent sans même exercer contre lui cette violence de façon directe. Je pense, ici, à la culture télévisuelle, à ce petit écran sur lequel trop de parents se reposent pour éduquer leurs enfants et, pendant ce temps, souffler un peu… Cette violence indirecte dont je parle est la culture de la violence montrée, ressassée à l’infini, par la télévision. Là encore, que ce soit conscient ou inconscient, il s’agit ni plus ni moins que d’une programmation pour nous rendre violents ou nous confirmer dans cet état. Qu’il s’agisse de films, de séries, d’informations, de publicités dont l’une des violences consiste à faire des femmes uniquement un objet à disposition des mâles, tout cela entre dans des cerveaux encore mal formés, des cerveaux qui avalent cela comme la réalité du monde. Les conséquences, nous les voyons déjà dans nos sociétés. Elles ont perdu tout sens de la vie. Cette société fait tout pour étouffer nos consciences afin de nous transformer en simples machines à consommer.
Le résultat pour les jeunes qui subissent les violences directes des parents ou indirectes par la télévision, c’est la construction d’êtres qui perdent l’essentiel des notions de « bien » ou de « mal ». Cela n’a l’air de rien, pour certains, ces notions sont même « ringardes », mais des sociétés entières peuvent basculer dans la folie à cause de cela. Si l’on ne possède pas ces notions de bases tout à fait essentielles, on est manipulable aussi bien par des individus que par les pouvoirs. Avoir en soi les notions de « bien » et de « mal » ne signifie pas avoir un esprit religieux. C’est bien plus avoir la lucidité pour comprendre ce qui permet de « construire » et ce qui ne sert qu’à « détruire »…
Une autre violence, souvent oubliée ou occultée, contre les enfants..
Cette violence, extrêmement dure, ne se voit guère puisqu’elle est très rarement physique. Il s’agit de la possessivité de certains parents, souvent d’ailleurs des mères sur leurs enfants. L’essentiel se passe au niveau du psychisme, par des paroles, des attitudes diverses, des menaces, parfois. Souvent même, les enfants ne se rendent pas compte de cette domination, tant cela se passe dans une sorte de finesse tout en perversité. Et les cas, hélas, sont plus nombreux que l’on imagine…
Le résultat, comme pour toute violence exercée contre un humain, c’est la destruction de la personnalité propre de la victime. S’agissant d’un garçon, celui-ci aura de la peine à quitter son milieu familial pour construire un couple. Et quand bien même il y parvient, en se faisant violence, la domination du parent va se poursuivre. Dans une haine non dite, ce parent va systématiquement chercher à détruire le couple, à tout faire pour dénigrer celle qui a osé lui prendre son fils. Celle-ci n’est jamais considérée comme membre de la famille, mais comme adversaire ou ennemie à chasser ou détruire.
L’enfant ainsi dominé, cet enfant devenu la « chose » de sa mère (ou de son père) gardera des stigmates probablement tout au long de sa vie. Jamais sûr de lui, il ne pourra guère assumer des responsabilités. Sa vie, hélas, ne lui appartient guère puisqu’elle est et reste dirigée par une autre (ou un autre). C’est un gâchis tragique car aucune ou presque aucune des potentialités de cet être humain ne pourra éclore, étouffé qu’il est par une chape de plomb… Pour se libérer de ce geôlier de l’âme, il n’y a guère que l’aide d’un psychologue, d’un psychiatre ou alors la rupture avec le « dominant ». Mais on comprend tout de suite que si cette solution existe parfois, elle est très rare chez ceux qui sont ainsi dominés, écrasés par l’un de leur parent, tant ils deviennent au fil des ans totalement dépendant de leur bourreau.
On voit par cet exemple que la violence se décline sur de très nombreux modes, même si nous ne retenons, en général, comme drame, que la violence physique. Pourtant, la violence psychique est extrêmement destructrice…
Violence au sein d’un couple : Conséquences pour tous…
Je précise que je parle bien ici, et seulement, des conséquences pour des couples vivant la violence. Il existe bien sûr, beaucoup d’autres cas menant au divorce, notamment l’infidélité de l’un ou l’autre, l’immaturité de l’un ou l’autre, difficilement supportable pour celui qui en est victime.
La violence, quelle qu’elle soit, ne peut jamais rien construire. Son seul résultat, c’est la destruction de ceux qui l’utilisent, mais, et c’est le premier but de toute violence, c’est également la destruction physique ou psychique de la victime visée. Sans parler des trop nombreux décès de femmes battues, d’enfants handicapés à vie après des coups reçus, ce qui va être détruit, en premier, c’est l’amour qui existait entre la femme et l’homme, c’est aussi la destruction du foyer où grandissaient les enfants. C’est, peu à peu, la destruction du lien social. Les relations amicales ou professionnelles du couple ne sont pas aveugles et finissent par éviter les fréquentations.
Au bout de ce chemin, si le psychisme des victimes comme des agresseurs est toujours profondément blessés, c’est, inévitablement, la rupture, la séparation et le divorce. C’est l’amour mis en échec, c’est la vie bafouée… Au bout de la violence, il ne reste que ruines !
Trop souvent, l’homme finit dans l’alcool pendant que la femme cherche plus ou moins désespérément d’autres relations possibles. Mais lorsque l’on est marqué par la violence, cela se voit, cela se dessine sur les visages et dans les regards. Le chemin sera rude pour retrouver un amour en qui croire…
Le divorce, suite à des violences au sein d’un couple, a évidemment des conséquences tragiques pour les enfants également. Certaines études, notamment aux Etats-Unis, tendent à montrer que les enfants auront un parcours scolaire chaotique et que, trop souvent, ils reproduiront le même scénario dans leur propre couple, plus tard. Ceci est vrai dans la majorité des cas de divorce, pas seulement ceux qui sont consécutifs à la violence. Mais il me semble évident que spectateur et souvent victimes des violences parentales, ces enfants resteront marqués à jamais…
Il n’est pas rare, hélas, de constater que les enfants ayant subi des violences ou ayant assisté à des scènes de brutalité de leur parent, n’auront guère de goût pour la vie. Ils risquent plus que d’autres, de passer à l’alcool et, à notre époque, ils risquent également de passer à diverses drogues. Ils auront, plus que d’autres, de fortes tentations d’autodestruction…
Où donc se trouve la victoire de la violence, là, où, tout n’est qu’échec ?
à suivre…