Festival Camino : Conférence d’Edgar Weber

Publié le par Jean Dornac

mardi 4 juillet 2006


Edgar Weber, Maître de conférences à l’université de Toulouse « le Mirail », militant de la non-violence depuis 40 ans, va nous parler d’interculturalité et de non-violence.


Edgar Weber :
Avant de commencer mon propos, je voudrais dire que je suis heureux d’être avec vous pour réfléchir sur ce sujet immensément difficile, parce que nous nous heurtons à des "a priori" extraordinaires et vous savez aussi bien que moi, ouvrir une conscience est infiniment plus difficile qu’ouvrir des coffres. Je suis content parce qu’il y a parmi nous un homme à qui je n’ai jamais parlé mais qui m’accompagne depuis quasiment 40 ans, à travers ses livres, les conférences qu’il donne à droite et à gauche auxquelles souvent j’ai assisté : J-M. Muller. Et, aujourd’hui, nous nous rencontrons de manière sympathique et je crois que c’est la première fois que nous nous parlons réellement. Mais Jean-Marie a énormément compté et compte pour moi dans mes décisions de non-violent et dans des actions que j’ai menées et notamment au Liban où il a été curieusement présent sans qu’il le sache. Donc, je lui dis merci pour tout ce qu’il fait et je lui dis bravo pour tout le mir... ( ?), et tout le mouvement qu’il a initié, et qui travaille parfois contre toute espérance. Merci Jean-Marie. (applaudissements)


Mon petit propos, je vais essayer de le faire court parce que vous avez déjà entendu beaucoup de choses et beaucoup de choses lourdes sur lesquelles on aurait dû ou pu partager beaucoup plus. En fait, les conférenciers sont souvent des bavards, et j’en suis un et un timide, donc, obligatoirement, pour vaincre la timidité, il se met à parler, et quand la machine est lancée, il ne s’arrête plus : le propre des timides. On devrait leur fermer le bec pour que, justement, émergent les questions qui sont souvent intelligentes et pertinentes. Je vais essayer de restreindre mon propos pour permettre davantage de discussions ou d’approfondissement de certaines questions et on pourrait peut-être rebondir sur des choses qui ont été dites, sur les définitions tout à fait judicieuses qui ont été dites par Jean-Marie sur les raisons, les fondations de la non-violence. Car, si nous n’avons pas un certain nombre de définitions claires dans nos têtes, nous ne pouvons pas en parler. Nous faisons une sauce infâme, nous n’avons pas de concept clair, dans ce cas-là, nous n’avançons pas... La non-violence est tout à fait autre chose que le manque de colère. La non-violence est tout à fait autre chose que de bons sentiments où on s’embrasse follement, ça n’a rien voir avec cela. La non-violence, c’est une action de force, c’est une dynamique, c’est une explosion de reconnaissance et d’amour envers l’humanité et tant que l’on n’a pas cela aux tripes, on est des nouilles...


Le non-violent, c’est quelqu’un qui explose de dynamisme, de convictions et d’amour, mais s’il n’a pas cela, c’est un bavard inutile. Alors, ce que je voudrais dire dans cette perspective de l’inter-culturalité, c’est de parler des sociétés que nous constituons aujourd’hui. Dès les premières pages de la Bible, nous apprenons qu’aucun système au monde n’a pu éradiquer la violence, ni un système politique, ni une religion, surtout pas une religion, ni aucun système humanitaire. C’est quoi ? C’est que le frère tue le frère ! Caïen tue Abel, c’est que depuis la première cellule humaine, tous nous avons donc dans notre famille un assassin. Nous sortons tous d’une famille d’assassins, il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser ou de penser que les autres sont meilleurs ou moins bons. Sur ce plan-là, nous avons une origine bien « calamiteuse ! » La Bible nous apprend cette vérité terrifiante : au commencement était la violence, le meurtre, la mort, la guerre. Lorsque nous réfléchissons là-dessus, nous constatons une autre horreur, c’est que les grandes religions constituées comme les trois grands monothéismes, non seulement elles enregistrent cet état de fait, mais elles le sacralisent. Elles rendent la violence sacrée en affirmant que Dieu veut la mort, en affirmant que Dieu veut punir, même dans l’au-delà et on a inventé pour cela l’enfer.

(Edgar Weber)

Et l’homme se donne le droit de tuer au nom de Dieu son semblable parce qu’il ne lui correspond pas et ceci est instrumentalisé par les religions jusqu’à aujourd’hui alors qu’en surface les religions ne parlent que de paix et de fraternité, mais elles ne s’attaquent en rien à la désacralisation de la violence. Eh bien, si nous faisions aujourd’hui en France un référendum, dans cette France si intelligente et cultivée, si nous faisions un référendum sur la peine de mort, il est à parier que les partisans de la peine de mort l’emporteraient aujourd’hui sur ceux qui veulent l’abolition de la peine de mort. Pourquoi je suscite cette question ? Eh bien, une attitude non-violente, c’est-à-dire une attitude qui réagit contre la violence, n’appartient pas au domaine des bons sentiments, mais au domaine politique. Si, politiquement, la peine de mort n’avait pas été abolie par décision politique, nous serions toujours dans un système où l’on se mettrait à justifier l’assassinat des criminels ou des délinquants.


Et dans des moments de crise ou de sensibilité forte, les têtes pourraient tomber par dizaines. La violence est partout, dans tous les domaines de la société ; dans la religion, en politique, en économie, inter-ethnique. Je ne vous fais pas le tableau complet de cette violence qui est devenu, un terreau, une atmosphère dans laquelle, nous sommes plongés sans même parfois nous rendre compte que nous participons nous-mêmes au système qui engendre, les différentes formes de violence. Lorsque nous ne hurlons pas contre les injustices, nous sommes complices de la violence. Lorsque nous ne nous révoltons pas contre les injustices américaines, israéliennes, palestiniennes, irakiennes, tout ce que vous voulez, j’allais dire le terrorisme international, nous acceptons et devenons complices de la mort, des marchands d’armes, des monstres qui sèment la mort partout où ils peuvent. Si nous ne hurlons pas contre les imans, les curés, les rabbins qui prêchent justement dans leur lieu de culte la haine de l’autre au nom de Dieu, nous sommes complices de l’injustice humaine et nous sommes complices de la dégradation même de l’image de Dieu. Eh bien, nous sommes devant des attitudes de ce genre en inter-culturel.


Aujourd’hui, notre société est devenue pluri-ethniques, pluri-religieuse, pluri-économique, pluri-culturelle. En fait, nous ne nous sommes pas vraiment rendus compte que la France est devenue pluri, pluri, pluri. Alors, de temps en temps, on se réveille, on voit des Arabes, on voit des Noirs, on voit des Chinois, on voit l’autre, l’étranger et on se demande : Qu’est-ce qu’ils font là ? Et, subitement, il y a des députés qui se rendent comptent qu’il y a des mosquées et il y a trop de mosquées (rires dans la salle). Ils n’ont toujours pas compris que pour 5 millions de musulmans, c’est-à-dire la deuxième religion en France, il y a toujours infiniment trop peu de mosquées. Eh bien, la prise de conscience de cette mutation profonde de notre société qui est devenue multi-culturelle, cette prise de conscience, elle se fait par chocs. Nous n’y avons pas été préparé. Pas du tout. Tout le système scolaire ne nous a jamais appris cela. Nous nous réveillons subitement et nous le voyons et nous ne savons pas quoi faire. Parce que nous nous réveillons brutalement, nous avons l’impression d’une agression identitaire. Nous ne savons plus qui nous sommes.


Sommes-nous encore Lorrains, sommes-nous encore Auvergnats, sommes-nous encore Parisiens, Catalans, Corses, je ne sais quoi... Sommes-nous encore Français, alors que maintenant il faut parler européen ? Qui donc sommes-nous aujourd’hui et ce manque de définition, j’allais dire cette difficulté que nous avons à nous définir nous-mêmes, va effectivement situer l’autre comme étant responsable de cette perte d’identité. Nous allons l’accabler, nous allons le rendre responsable de ce qui ne marche pas dans ce nouveau monde dans lequel on est : il devient donc coupable. Il devient coupable mais avant qu’il soit coupable, il était déjà quelqu’un qui faisait peur. Tout à l’heure, il y a eu un moment très important, il y avait un moment très important qui évoquait les mécanismes de peur. Pour que la violence puisse démarrer, il faut toujours que l’autre fasse peur. Or, observez bien que la peur est instrumentalisée. Elle est toujours mise en avant par les systèmes politiques pour rendre l’autre abominable.


Regardez ce qu’ont fait les Américains avec Saddam Hussein, qui n’a pas été un enfant de chœur tout le monde le sait, mais on nous a fait peur avec les fameuses armes de destructions massives qui n’ont jamais existé. Il fallait diaboliser l’autre. On diabolise l’autre pour justifier la haine, la violence, le meurtre, la mort, la guerre, les armes, etc. Eh bien, nous qui sommes dans cette situation inter-culturelle, nous devons faire une réflexion sur cette mécanisation de la peur et sur l’instrumentilisation de la peur.


Or, observez ce qui se passe à la télévision, quel est le contre-poids que l’on a, lorsque l’autre est présenté comme un démon, un diable : pas grand chose. Eh bien la différence effectivement engendre la peur.


Et permettez- moi, à ce propos, de fustiger un slogan qui à un moment donné a voulu faire bien, mais qui à mes yeux à moi a totalement raté : c’est le droit à la différence. Moi je vous convie de renier cette ânerie et de réclamer le droit à la similitude. La différence, nous l’avons malgré nous, la différence est inscrite dans notre peau, dans nos cheveux, dans nos gènes, dans nos manières d’être, elle nous est donnée sans qu’on l’ait réclamée. Elle est au départ. La nature nous a donné la différence. Ce que nous devons réclamer, qui est un droit, ce n’est pas ce fait-là car il n’appartient pas au droit, c’est le droit de la similitude. J’ai le droit d’être comme toi avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et c’est cela que nous devons mettre en œuvre pour justifier, pour avancer dans l’ordre de la compréhension mutuelle et de couper les ponts aux causes et aux raisons qui peuvent engendrer la violence.


Eh bien, la différence, une autre raison pour s’en méfier est telle qu’elle engendre la méfiance, la crainte. La crainte de l’autre. La différence aboutit toujours à un rejet. Et un rejet aboutit à la guerre. Au lieu de réclamer ce droit à la différence, réclamez avec moi le droit à la similitude.


J’aimerais aborder un autre thème : La tolérance. Autre chose contre quoi je pars parfois en guerre, c’est renoncer à la tolérance. Je ne dis pas ne pas être tolérant. Je dis lutter contre la tolérance, car la tolérance a toujours une limite et lorsque l’on a atteint la limite de la tolérance, eh bien, on bascule dans la violence. Nous sommes, nous, dans un régime politique très mauvais, vous le savez bien, mais il n’y en a pas de meilleur. Je veux parler de la démocratie. Eh bien, dans une démocratie qui n’est jamais atteinte, qui est toujours en projet ou en devenir, nous sommes heureusement face à quelque chose d’infiniment précieux : Les mêmes droits et les mêmes devoirs. Donc, ce que je réclame, c’est d’avoir les mêmes droits, pas d’être toléré, d’avoir les mêmes devoirs aussi, pas d’être toléré. La tolérance, évidemment, est mieux que la persécution, vous allez me dire, mais la tolérance limite la liberté. Réclamons des régimes où justement toute la liberté est sauvée, la liberté de tous et de chacun. La tolérance ne garantit pas la liberté. Elle lui donne une limite. Les droits et les devoirs constituent l’homme dans sa dignité.


La confiance, je veux dire par là, que nous ne pouvons lutter contre la violence, donc en nous méfiant de la différence, en nous méfiant de la tolérance et je dirais maintenant en ouvrant l’esprit et le cœur à la confiance. Alors la confiance, telle que je la définis, ce n’est pas simplement un sentiment : Oh j’ai confiance en toi, c’est-à-dire en fait, j’ai confiance en moi. Pour la confiance, je veux parler d’un processus de dépassement de soi justement. C’est-à-dire quelque chose, je m’appuie sur une chose à laquelle je n’ai aucune prise. Je te fais confiance, je fais un pari. Un processus de dépassement de soi qui s’élargit à l’universel, à l’universalité. Dépasser ses particularismes individuels marqués par la tradition, la coutume, les habitudes, dépasser le milieu dans lequel on est pour ouvrir l’esprit à quelque chose de plus grand : L’universel. La confiance est un processus qui nous sort de notre propre subjectivité et qui nous permet d’ouvrir une petite porte sur l’universel. Ce processus ne peut se faire qu’à trois conditions


Je terminerai là-dessus : L’espérance, l’amour et la foi.


Vous allez me dire, il est tombé dans le baratin ecclésiastique. Rien à voir avec cela. L’espérance, c’est ce qui me place dans une profonde patience d’une vérité de plus en plus universelle. C’est la patience d’une vérité universelle.


L’espérance me fait penser que l’universel est non seulement possible mais qu’il me libère des contraintes du particulier. L’espérance me permet de penser que l’autre lui aussi, porte en lui de l’universel et qu’il a l’universel en projet.


La foi. Pas une croyance aveugle à des discours convenus ; on les connaît ceux-là, mais la foi comme ouverture au vrai, pas à la vérité dogmatique, mais au vrai, à la vérité, à ce qui a du sens, à l’ouverture, à ce qui est toujours à rechercher au-delà de ce que j’ai établi comme vrai, au-delà de mes mots, au-delà de mes phrases et de mes dogmes. La foi rejoint l’universel de même que le troisième point que je voudrais très rapidement évoquer : l’amour.


L’amour, en effet, ce n’est pas une sentimentalité, ce n’est pas un truc qui fait battre le cœur un peu plus fort ; cela nous l’avons tous senti lorsque nous avions 20 ans et j’espère que même à 60 ans cela se mette à s’accélérer. Mais c’est une puissance universalisante qui abolit les entraves au dépassement de soi. Je vais répéter cette phrase parce qu’elle me semble importante.... L’amour, c’est la puissance universalisante qui abolit en moi les entraves du dépassement de soi. Or là, on n’est plus du tout dans la sentimentalité. On est dans l’action. On est dans le dépassement de soi. Il est facile d’aimer en effet celui qui nous ressemble, nos semblables, car pourquoi c’est facile ? C’est tout simplement notre propre miroir. Nous sommes tous quelque part un petit soupçon de Narcisse. Nous nous aimons nous-mêmes à travers l’autre. Or l’amour tel que je le vois comme cette puissance vers l’universel, c’est aimer justement celui qui ne nous ressemble pas. C’est donc un travail, un projet, une action à jamais inachevée qui, avec l’espérance et la foi me renvoie tout homme et à tous les hommes, c’est-à-dire à un humanisme où les frontières du particulier sont repoussées vers l’horizon de l’universel. Peut-être que dans cette utopie humaniste, dans laquelle le croyant, comme l’incroyant est convié et à sa place, le spectre de la violence peut être reculé. L’universel, de ce point de vue, n’est plus un mal, mais un dépassement du particulier, et de tout ce qui me ferme à l’autre, le dépassement de soi, de nos catégories mentales si difficiles, de nos représentations traditionnelles figées, de nos habitudes et de nos paresses sacrées. Eh bien, tout cela est à mettre en œuvre dans la rencontre de l’autre pour que, enfin, où petit à petit l’humanité puisse être construite.



(spectacle de l’école "Papus")


Questions et réponses


Une participante : Merci beaucoup pour cette intervention... Tout cela m’a amené à réfléchir avec mon ami, ici présent. Nous sommes tous les deux sourds et homosexuels, nous avons donc deux différences par rapport à la France, si on peut dire, si on veut parler de toutes les différences. On parlait beaucoup de l’immigration et c’est vrai qu’il faut vraiment garder en mémoire toute l’histoire que la France a vécu avec les colonies, mais forcément pour nous, cela nous ramène à l’histoire de la communauté sourde. Cette communauté qui existe aujourd’hui a été très longtemps dans l’histoire opprimée, mais j’espère que cela ne se répétera pas dans l’histoire. Aujourd’hui, on peut considérer que la communauté sourde est encore à l’heure actuelle opprimée. Et comment aujourd’hui, malgré des lois qui ont été mises en place dans les années assez récentes, finalement, pour respecter les personnes sourdes, malgré ces lois-là, on n’arrive pas concrètement à avoir dans les actes, à avoir des moyens qui permettent l’accessibilité des personnes sourdes dans la société en tant que citoyen. Et quel moyen pourrait être mis en place pour que justement la société change et quelles actions pourraient êtres mises en place, justement des actions non-violentes, puissent permettre d’avancer les choses pour nous en tant que sourds ?


Edgard Weber :
Vous parlez d’or en fait. Vous connaissez mieux que moi les luttes qu’ont dû mener ceux qui font le langage des signes. Ce langage a été un langage qui a été combattu, parfois par l’éducation. Ce n’est que très récemment qu’ils ont eu un statut, reconnu, etc. Au début du langage avec les signes, ils se sont mis à parler avec les mains, on leur attachait les mains dans le dos, pour qu’ils ne puissent pas se parler entre eux. C’était une persécution abominable contre ce groupe social les sourds-muets. Vous avez évoqué les homosexuels, mais nous en sommes encore là aujourd’hui, c’est une lutte abominable qu’il faut mener pour que la société reconnaisse ces hommes et ces femmes. Nous avons, là, des dépassements à faire dans nos mentalités, dans nos habitudes, dans nos éducations, dans nos églises, etc... C’est une lutte infinie qu’il faut mener, et la violence qu’il y a là, bien entendu, elle ne va pas disparaître comme cela du jour au lendemain. Je pense que tout doit être ramené à un projet politique. Non-violence n’est pas de beaux sentiments ; ce sont des actions.


Permettez-moi de dire ce qui a été un peu en échos ce matin. Permettez-moi d’être un peu impertinent. La violence fait partie de la nature des choses et justement ce qui distingue l’homme de la bête, ce n’est pas la nature, l’homme est un animal. Il est de cet ordre-là. C’est sa conscience. C’est sa culture. On ne parle pas de la culture de l’orang-outan, ou de la culture de l’autruche, ou de la culture du chimpanzé. Seul l’homme a une culture. Et c’est dans cette culture, dans l’éducation, qu’il doit être amené justement à dépasser la nature, à dépasser cette tendance mortifère qu’il porte en lui. Ceci est un projet. Lorsque l’on parle d’éducation culturelle, oh combien c’est vrai, parce qu’elle n’a toujours pas compris que, par définition, l’école, ni que nous sommes aujourd’hui des hommes de culture, nous devrions avoir une éducation totalement et entièrement non-violente. C’est une éducation à laquelle nous devons arriver. Nous ne devenons pas non-violents parce que nous avons de bons sentiments, ou bien parce que nous sommes catholiques, ou parce que nous sommes musulmans, une religion ou autre chose. Non. Nous devenons non-violents dans des prises de positions intellectuelles, politiques, morales, c’est-à-dire dans une action. Il faut nous réveiller... (applaudissements)


Un autre participant :
J’aimerais revenir sur l’universalité, les mêmes droits, les mêmes devoirs. J’ai l’impression que l’on peut distinguer l’universalité que je qualifierai d’uniformisante, c’est-à-dire qui fait de nous des êtres identiques et une universalité qui est plus réalisante, c’est-à-dire qui ferait de nous des êtres égaux. Je prends un exemple : la lutte pour la survie de la langue basque. On distingue le droit d’avoir un enseignement en langue française, donc qui vise à l’uniformité, et le droit d’avoir un enseignement dans sa langue affective.


Edgar Weber :
Merci de me dire cela, parce que vous venez de dire quelque chose de très intelligent. L’universel n’est jamais opposé du particulier. Si l’universel s’arc-boute contre le particulier, c’est que c’est foireux. L’universel, c’est l’horizon vers lequel on arrive à partir du particulier. Ce que nous avons vécu en France, centralisme français républicain, etc... C’est qu’on a écrasé justement les particularismes locaux, alors que l’on aurait dû les englober dans la francité. Il ne s’agit pas d’opposer l’un ou l’autre. Il faut que le particulier nourrisse l’universel, mais que ce particulier s’ouvre vers le dépassement de soi. Si vous êtes Basques et que vous détestez les Catalans et les autres, c’est foutu. Je suis Lorrain, j’aime les Alsaciens.


(applaudissements)

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